Découvrir les Archives
Une renommée internationale
Les Archives de la Ville de Montpellier comptent parmi les archives les plus riches qui existent en Europe. Les documents y forment des séries de chartes, de cartulaires et de registres, qui s’étendent presque sans interruption, depuis le commencement du XIIIe siècle jusqu’à nos jours.
La Pijardière et Grand, 1889
Les Archives de Montpellier conservent un fonds ancien prestigieux qui attire chaque année des chercheurs venus du monde entier. Le Liber instrumentorum memorialis, cartulaire des Guilhem de Montpellier, le Petit Thalamus, qui contient la plus ancienne chronique urbaine d’Europe, les quelque cinq mille chartes médiévales et la collection unique de plusieurs centaines de sceaux de cire et bulles de plomb figurent parmi les trésors qui font la réputation de notre institution.
Les Archives de Montpellier, c’est aussi :
1. une collection exceptionnelle de partitions et livrets d’opéras, mélodrames et musiques de scène qui renseignent sur la vie artistique et musicale en France aux XVIIIe et XIXe siècles, complétée par le Journal du théâtre d'Adolphe Gilles, document fabuleux sur l'histoire de l'institution montpelliéraine.
2. des séries uniques en France de listes nominatives annuelles de la population et de registres de passeports pour l’intérieur qui représentent une ressource documentaire de premier ordre pour les recherches historiques et généalogiques sur les personnes ayant vécu ou séjourné à Montpellier entre la Révolution et la veille de la Seconde Guerre mondiale.
3. des milliers de photographies, affiches, plans, documents d’urbanisme, fonds d’architectes montpelliérains, archives de la Société d'Aménagement de la Région montpelliéraine (SERM), qui documentent l’extraordinaire évolution de la ville entre le XIXe et le XXIe siècle, notamment l'aménagement des grands ensembles de La Paillade et d'Antigone qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle.
Découvrez sur cette page quelques-uns des trésors d'archives, documents remarquables des Archives de Montpellier, du Moyen Âge au XXe siècle.
Cartulaire des Guilhem de Montpellier ou Mémorial des Nobles, 980-1301 (AA1)
Archives de Montpellier, AA 1, fol. 10 v°-11, premier chapitre du cartulaire.
Le cartulaire des Guilhem, seigneurs de Montpellier de 985 à 1204, renferme la copie des plus anciennes chartes concernant l'histoire de Montpellier et de sa seigneurie. Il contient la transcription de 612 actes datés de 980 à 1301, en latin et occitan, ainsi qu'une charte originale de 1259 de Jacques Ier d’Aragon, seigneur de Montpellier. Ce registre recense les privilèges et les titres féodaux de la seigneurie depuis la fondation de la ville. Son commanditaire est Guilhem VIII de Montpellier, seigneur de 1172 à 1202.
Sa confection, vers 1202, s’inscrit dans le grand mouvement de rédaction des cartulaires en Languedoc (fin XIIe-début XIIIe). Il peut être rapproché du Liber feudorum major des comtes de Barcelone rois d’Aragon, réalisé quelques années auparavant. Exceptionnel tant pour son intérêt historique que sa beauté esthétique, le cartulaire des Guilhem de Montpellier est connu depuis 1676 sous le nom de "Mémorial des nobles" que lui a donné l’archiviste François Joffre.
En 1443, les consuls de Montpellier le font restaurer, et commandent à l'enlumineur Guilhem Blatnou de peindre les armes du consulat sur un feuillet vierge en regard du 1er chapitre du manuscrit. La miniature rehaussée d'or, d'une grande finesse, occupe la moitié de la page. Sur un fond rouge parsemé de fleurs de lys, deux anges nimbés aux ailes polychromes tiennent un cartouche sur lequel est représenté le blason de Montpellier et des Guilhem, d'argent au tourteau de gueules.
Archives de Montpellier, AA 1, fol. 1, préface du cartulaire, 1202.
Grand Thalamus, 1164-1675 (AA4)
Archives de Montpellier, AA 4, fol. 84 v°-85, fastes consulaires, 1214-1233.
Registre volumineux, le Grand Thalamus est un manuscrit de 387 feuillets de parchemin. Grand cartulaire de la ville de Montpellier, il contient les textes de nature diplomatique produits ou reçus par les autorités urbaines. Les actes les plus importants du consulat de Montpellier y sont retranscrits : les coutumes de 1204, les privilèges octroyés par les papes et les rois d'Aragon, de Majorque et de France.
S'y trouvent également les privilèges commerciaux, règlements de métiers, titres de propriétés de la ville (notamment le bois de Valène et la baronnie de Caravètes situés à Murles), ainsi que des actes concernant l'université, l'église Notre-Dame-des-Tables, les hôpitaux, les couvents. Le cartulaire a été rédigé à partir de 1221 ; le dernier acte transcrit date de 1675. Les textes sont écrits en latin (parfois en occitan) jusqu'au XVe siècle, puis en français à partir du XVIe siècle. Il contient également des fastes consulaires de 1204 à 1276, rédigés en latin jusqu'en 1259 puis en occitan. Des lettrines (le "A" de "Anno") enluminées d'encre rouge et bleue ponctuent chaque début de paragraphe.
Thalamus des ouvriers de la commune clôture, 1196-1659 (EE2)
Archives de Montpellier, EE2, fol. 187 v°-188, listes des ouvriers de la Commune Clôture, 1526-1527.
L'œuvre de la Commune Clôture est une institution municipale créée par Guilhem VIII en 1196. La Commune Clôture doit son nom au fait que les remparts de la ville englobent à la fois Montpellier (le territoire de la seigneurie des Guilhem) et une partie de Montpelliéret (le territoire de la seigneurie de l'évêque de Maguelone). Cette muraille en forme d'écusson marque encore la morphologie urbaine. Elle a permis de quadrupler la superficie de la ville par rapport à l'enceinte édifiée par les Guilhem à la fin du XIe siècle.
L'œuvre de la Commune Clôture est gérée par sept "seigneurs ouvriers" élus annuellement (le jour de la Toussaint). Dotée d'archives particulières et d'un Thalamus, elle bénéficiait de fonds propres, provenant en grande partie de legs institués par les bourgeois de Montpellier dans leurs testaments. La majeure partie du registre est constituée des listes annuelles des ouvriers et de leurs officiers (notaire et écuyer) sur la période de 1258 à 1659. A partir de 1320, leur profession et le jour qui leur est affecté y sont mentionnés.
Archives de Montpellier, EE2, fol. 318, liste des ouvriers de la Commune Clôture, 1611.
Petit Thalamus, 1204-1604 (AA9)
Archives de Montpellier, AA 9, fol. 25, les coutumes de Montpellier de 1204.
Le manuscrit du Petit Thalamus des Archives de Montpellier constitue une source essentielle pour l’histoire de la ville. Il englobe la totalité de l’histoire montpelliéraine depuis les origines du consulat, 1204, jusqu’à 1604 : coutumes, statuts et établissements urbains, listes consulaires, annales en occitan puis en français.
Le Petit Thalamus enregistre les statuts et l’histoire de la ville en créant une mémoire commune mais il fonde aussi la ville en faisant émerger une conscience urbaine.
L’édition électronique du Petit Thalamus : une démarche scientifique
Réalisée par une équipe de chercheurs, issus majoritairement des universités de Montpellier-I et de Montpellier-III, qui a travaillé pendant quatre ans (2010-2014) pour établir une édition scientifique. C’est le manuscrit conservé aux Archives de Montpellier sous la cote AA9 qui a servi de référence. Pour faciliter la compréhension du « Petit Thalamus », son édition électronique, disponible en ligne, comporte une traduction, des notes juridiques, philologiques et historiques ainsi qu’un index des noms et des lieux. Dès le lancement, la Ville de Montpellier s’est impliquée en allouant une subvention au projet d’édition et en faisant numériser le manuscrit conservé aux Archives municipales (haute définition permettant l’encodage du texte). Ce projet d’édition a été financé par l’ANR (agence nationale de la recherche) et le Conseil régional Languedoc-Roussillon.
Archives de Montpellier, AA 9, fol. 195 v°, enluminure représentant saint Vincent Ferrier en orant, annales consulaires, 1408.
Chartes des coutumes de Montpellier, 1204-1205 (Louvet 4119-4120)
Archives de Montpellier, Louvet 4119 - 4120, chartes de coutumes de 1204 et 1205.
La charte des coutumes de Montpellier du 15 août 1204 et la charte des coutumes additionnelles du 13 juin 1205 sont scellées ensemble, ce qui les lie à la fois symboliquement et matériellement. En épousant le 15 juin 1204 Marie de Montpellier, Pierre II d'Aragon met la main sur la seigneurie de Montpellier. En échange de leur soutien, les bourgeois de Montpellier obtiennent des libertés consignées dans la charte de 1204, complétées en 1205.
C'est un document exceptionnel à double titre. D'abord du point de vue de l'histoire locale, il constitue le fondement des "libertés municipales" de Montpellier.
Ensuite, du point de vue de l'histoire générale du droit, il reflète un droit original, synthèse très précoce de dispositions coutumières locales et de droit "savant" issu du droit romain. Il s'agit en quelque sorte d'un petit "code" municipal. Tous les domaines du droit sont concernés : droit public, droit pénal, droit familial, droit des contrats et des affaires.
L'article 120 de la charte de 1204 institue un corps de douze hommes chargés d'administrer la communauté qui sont, sans en porter encore le titre, les premiers consuls de la ville. L'article 9 de la charte de 1205 accorde aux consuls la "Potestas statuendi", c'est-à-dire le droit de légiférer. C'est sur la base de ce "pouvoir législatif", autonome, que les consuls de Montpellier ont fondé leur pouvoir communal. Ce droit local est resté en vigueur jusqu'au XVIIIe siècle.
Archives de Montpellier, Louvet 4119 - 4120, bulle de plomb Pierre II d'Aragon, 1204.
Le sceau de Pierre II, roi d'Aragon, comte de Barcelone et seigneur de Montpellier (1204)
Avers : Assis sur un trône, le roi brandit de sa main droite une grande épée et de la gauche un sceptre en fleuron ; le château à sénestre matérialise sa seigneurie. Légende : SIGILLUM PETRI REGIS ARAGONUM ET MONTISPESSULANI DOMINI (Sceau de Pierre, roi d'Aragon et seigneur de Montpellier).
Revers : Le roi à cheval est coiffé d'un heaume à ruban, charge la lance basse. Légende : COMITIS BARCHINIONE (Comte de Barcelone).
Bulle de Guilhem VIII seigneur de Montpellier, 1192 (EE 592)
Les Archives de Montpellier conservent un des seuls exemplaires connus d’une bulle de plomb des Guilhem, seigneurs de Montpellier. Elle propose une iconographie originale. Le seigneur de Montpellier est représenté sur une face en poète, jouant de la harpe, et sur l’autre en chevalier en armes. Il s’agit de Guilhem VIII (1157-1202), fils de Guilhem VII et de Mathilde de Bourgogne, seigneur de Montpellier à partir de 1172. Homme lettré, sa cour est fréquentée par de nombreux troubadours, notamment par Arnaud de Mareuil et Folquet de Marseille.
En 1178 ou 1179, Guilhem VIII épouse une princesse byzantine, Eudoxie Comnène, parente de l'empereur d'Orient. Il favorise les études de médecine en proclamant la liberté d'enseignement, sans distinction d’origine, par un acte de 1181. Cette mesure va accélérer l'essor intellectuel de Montpellier. La dynastie des Guilhem est connue pour sa tolérance. Leur cité est une terre d'accueil et d’échanges avec le monde méditerranéen.
Dans cette charte, Guilhem VIII consent à la vente faite par sa cousine germaine Guisa et son époux Helias de Castries à Guilhem de Sauzet de leurs biens situés dans le tènement de Sauzet, au bord du Lez, le 6 juillet 1192.
Archives de Montpellier, EE 592, charte bullée de Guilhem VIII de Montpellier, 1192.
La légende est identique sur les deux faces : SIGILLUM GUILLELMI DE MONTEPESSULANO (sceau de Guilhem de Montpellier).
A l'avers, Guilhem est représenté assis sur un tabouret, vêtu d'un manteau agrafé sur l'épaule et jouant de la harpe.
Au revers, Guilhem chevauche en armure, cotte de maille, coiffé d'un heaume et protégé par un haut bouclier, l’épée à la main.
Grand sceau du Consulat, 1254 (Louvet 4290)
L'utilisation du grand sceau du Consulat pour le traité conclu le 24 novembre 1254 avec Amalric, vicomte de Narbonne, souligne son importance politique. En effet, cet accord, véritable alliance avec un rival du roi Jacques Ier d'Aragon (1208-1276), seigneur de Montpellier, manifeste la volonté des consuls non seulement de ne pas obtempérer dans le conflit qui les oppose à leur seigneur, mais également de se prémunir en cas d'aggravation. La protection du vicomte de Narbonne n'étant pas gratuite, la ville s'engage en échange à payer les arbalétriers et soldats qui lui viendront en aide.
A l'avers du grand sceau du Consulat, la Vierge, protectrice de la cité, est représentée assise, tenant l'enfant Jésus sur son bras droit, avec de part et d'autre l'alpha et l'oméga. Autour, la légende entre deux grènetis : VIRGO MATER NATVM ORA VT NOS JUVET OMNI HORA (Sainte Vierge, mère de Dieu, prie ton enfant qu'il nous vienne en aide à tout moment).
Au revers, au sommet d'une colline plantée d'oliviers, une ville fortifiée est bénie par une main céleste pointée vers l'abside crucifère d'une église. Dans cette évocation de Montpellier, la position centrale de l'église Notre-Dame-des-Tables, flanquée de son clocher, souligne l'importance de ce lieu de pèlerinage dans l'histoire de la ville. Entre deux grènetis, la légende est : SIGILLUM DVODECIM CONSVLVM MONTIS PESSVLANI (sceau des 12 consuls de Montpellier).
Bulle de création de l’Université, 1289 (Louvet 619)
Archives de Montpellier, Louvet 619, bulle Quia sapientia du pape Nicolas IV, 1289.
Le 26 octobre 1289, le pape Nicolas IV crée l'université de Montpellier par la bulle Quia sapientia. En préambule, Nicolas IV fait l'éloge de la sagesse (sapientia), affirmant qu'elle illumine les cœurs humains et les conduit aux vertus, et affirme son désir de voir se multiplier les centres d'études, notamment là où existaient déjà des écoles. Il instaure donc à Montpellier un « studium generale » regroupant l'enseignement du droit civil et canonique, de la médecine et des arts, à l'exclusion de la théologie, en un lieu où "les maîtres enseigneront et les élèves étudieront librement en tout discipline licite". Il continue en décrivant la procédure des examens.
Dans chaque faculté (disciplina), les maîtres doivent examiner les candidats sur leur science, leur facilité d'élocution et leur "modus legendi" (leurs capacités pédagogiques). Les admissibles sont présentés à l'évêque pour être examinés sur leur vie et leurs mœurs et finalement admis. Ce diplôme leur permet de pratiquer et d'enseigner dans toute la Chrétienté.
L'université de Montpellier naît ainsi dans le contexte d'essor urbain et de renouveau intellectuel qui marque l'Occident au XIIIe siècle. Cette charte est scellée d'une bulle de plomb, appendue sur des lacs de soie rouge et or.
A l'avers : saint Pierre à droite et saint Paul à gauche, séparés par une croix et entourés d'un grènetis, avec au-dessus en capitales la légende "SPA SPE" (saint Paul, saint Pierre). Au revers : le nom du pape "NICOLAUS PAPA IIII", sur trois lignes, en capitales et entouré d'un grènetis.
L'avers de la bulle est commun à tous les papes. Le revers est personnalisé au nom du pontife. Ici une bulle au nom du pape Jean XXII.
Privilèges commerciaux en Cilicie, 1314 et 1321 (Louvet 337-338)
Archives de Montpellier, Louvet 337, privilège commercial accordé aux Montpelliérains, 1314.
Depuis le début du XIIIe siècle, les consuls de Montpellier mènent une diplomatie marchande avec les cités et royaumes du pourtour méditerranéen, afin de favoriser les affaires des commerçants montpelliérains. Le royaume de Petite Arménie ou Cilicie (Turquie-Syrie actuelles) est un petit état prospère bordant la Méditerranée. Ces privilèges permettent aux marchands montpelliérains de commercer en Cilicie, contre l'acquittement d'une taxe de 2% sur les transactions. Le premier date du règne d'Ochine (1307-1320). Il est daté du 7 janvier 1314, et porte en rouge la signature du roi Ochine. Celui-ci ordonne au chef des douanes d'exécuter les directives édictées au profit des marchands montpelliérains.
Le second document, daté du 16 mars 1321, est octroyé au nom du fils d'Ochine, alors âgé de plus de 10 ans, Leon IV (1320-1342). Il est signé par les deux régents et par le jeune roi en rouge. Les deux documents montrent le respect des pratiques admises en Occident, à savoir le renouvellement des privilèges à chaque changement du titulaire du pouvoir.
Archives de Montpellier, Louvet 338, privilège commercial accordé aux Montpelliérains, 1321.
Le Mahzor de Montpellier, vers 1400 (15 S 1)
Archives de Montpellier, 15 S 1, Mahzor de Montpellier, XIVe s.
Ce Mahzor, livre de prières pour les fêtes majeures juives, est identifié comme celui du rite montpelliérain médiéval, le seul connu, par Léopold Zung (1794-1886), un des fondateurs de la "science du judaïsme". Ce manuscrit, rédigé en hébreu à la fin du XIVe-début XVe siècles, contient, outre les prières faites à l'occasion des grandes fêtes (Pâque, Shavuot, Rosh Hashanah, Yom Kippour), de nombreux piyyutim (poèmes liturgiques) pour la plupart uniques. Présente dans notre ville dès le XIIe siècle, la communauté juive, composée de professeurs et de savants, a joué un rôle important dans la vie intellectuelle et scientifique montpelliéraine au Moyen âge, notamment pour la médecine.
Installée au cœur de la ville, le bain rituel ou mikveh de la rue de la Barralerie est l'unique vestige de la présence juive à Montpellier aujourd'hui. Expulsés en 1394, les Juifs de Montpellier trouvent refuge à Avignon ou dans le Comtat. C'est à cette époque, dans les années qui suivent immédiatement leur départ de Montpellier, que ce Mahzor est écrit.
Descriptif : Ouvrage de petites dimensions (22,6 cm x 15,2 cmx 5,5 cm) composé de 253 feuillets formés en 15 cahiers. Chacun d'eux est confectionnés de façon identique (7 feuilles doubles, la feuille extérieure et intérieure en parchemin, les 5 autres en papier chiffon). La structure d'origine est conservée mais la reliure a été refaite au XIXe siècle.
Archives de Montpellier, 15 S 1, Mahzor de Montpellier, XIVe s.
Commentaire d’Alfasi sur le Talmud par Jonathan ben David Ha Kohen de Lunel
Abrégé talmudique de rabbi Isaac Alfasi commenté par Jonathan ben David Ha Cohen, copie manuscrite du XVe siècle (15 S 2)
Archives de Montpellier, 15 S 2, commentaires d'Alfasi sur le Talmud, ms. XVe siècle.
Ce manuscrit papier de 1046 pages, d’une écriture orientale ou byzantine semi-cursive du XVe siècle, témoigne de l’importance des écrits de Jonathan ben David Ha-Cohen de Lunel pour la communauté juive du Moyen Âge qui continua à les copier et à les transmettre de génération en génération. Acquis par la Ville de Montpellier en décembre 2015, il est désormais accessible en ligne sur la base de données des Archives municipales sous la cote 15 S 2.
Isaac ben Jacob Alfasi (1013-1103), rabbin originaire de Fès et exilé en Espagne depuis 1088, est célèbre pour son abrégé talmudique, une compilation de ce qu’il considère comme l’essence de la partie législative du Talmud. Son œuvre a été abondamment étudiée et commentée dès la deuxième moitié du XIIe siècle par les rabbins d’Espagne et du sud de la France.
Rabbi Jonathan ben David Ha-Cohen de Lunel (vers 1136-après 1210) fait partie des érudits juifs du sud de la France réfugiés d’Andalousie. Il aurait vécu à Montpellier jusqu’à 1194, avant de s’installer à Lunel où il devint l’autorité rabbinique suprême et l’un des commentateurs du Talmud les plus réputés. Il contribua à ce que le sud de la France devienne un foyer exceptionnellement fécond pour les recherches savantes par l’étude des grands textes philosophiques juifs et par la traduction d’arabe en hébreu des textes scientifiques et philosophiques grecs.
Jonathan ben David Ha-Cohen entretint une correspondance soutenue avec Moïse Maïmonide (1135-1204), le célèbre savant andalou établi en Egypte. Maïmonide lui envoya de nombreuses réponses aux questions reçues par lui et les « Sages » de Montpellier et de Lunel, ainsi qu’un exemplaire de son traité de philosophie, le Guide des Perplexes (1190). Le guide fut traduit de l’arabe en hébreux par Samuel ibn Tibbon (1150 -1230), issu de la famille des Tibbonides installés à Lunel et dont tous les membres sont connus pour la qualité de leurs traductions. Grâce aux écrits des savants juifs du Languedoc, put se développer au début du XIIIe siècle la pensée rationaliste de Maïmonide, aussi renommée que controversée par les courants fondamentalistes.
Portraits des consuls de Montpellier, 1602-1625 (BB 354)
De 1204 à 1789, la ville de Montpellier fut administrée par des consuls renouvelés chaque année. En vertu d'un usage remontant au milieu du XVe siècle, les consuls étaient peints en un grand tableau, peintures qui décoraient les salles et les galeries de la Maison consulaire. Ces tableaux furent tous brûlés à la Révolution. Il s’agit au contraire ici de portraits individuels, peints à la gouache sur parchemin, dont certains ont été exécutés par l'artiste flamand Jean de Wesel, actif à Montpellier au début du XVIIe siècle.
On peut identifier dans ce registre cinq séries consulaires, rapprochées chronologiquement (1616, 1617, 1618, 1619 et 1620). La série de 1619 est la seule à identifier nommément les consuls :
1er consul, Pierre de Fons, seigneur de Sabatier. Seul noble du groupe, il porte l'épée sur le côté et une canne à la main droite.
2e consul, Antoine Coste, bourgeois, procureur en la cour des Aides.
3e consul, Pierre Lamouroux, marchand drapier.
4e consul, Jean Creissels, marchand.
5e consul, Noé Douziech contrôleur au bureau de la Foraine.
6e consul, Jean Cabassut, maître cordonnier.
Greffier et secrétaire de la Maison consulaire, Jean Fesquet, notaire. Il a exercé ses fonctions à la Ville de 1602 à 1625.
Maquettes Grand-rue Jean-Moulin, 1725 (20 S 7-8)
Archives de Montpellier, 20 S 8, maquette de l'île Plantade, 1725.
Ce plan en relief et la maquette en carton ont été réalisés pour servir de pièces justificatives lors d'un procès entre les sieurs Plantade et Deschenes, dans le cadre d'une affaire de voisinage entre deux propriétaires de l'île Plantade.
Ils représentent les actuels n°8 et 10 Grand-rue Jean-Moulin. Réalisés vers 1725, ils montrent un état antérieur aux transformations du quartier faites aux XVIIIe et XIXe siècles. Le plan relief reprend le principe des plans terriers en usage à Montpellier et mentionne à l'emplacement de chaque parcelle des informations sur la parcelle et son propriétaire. La maquette présente au premier plan la rue des Messagers (actuelle rue de La Croix d'or).
L'échelle est indiquée à huit cannes (15,899 mètres) pour 139 mm soit environ 1/114e.
Lettres patentes de Napoléon Ier conférant au peintre Joseph Marie Vien le titre de comte d'Empire, 1808
Archives de Montpellier, dépôt Musée Fabre, diplôme de Vien, 1808.
Ce document présente la double particularité de réunir deux Montpelliérains célèbres : le peintre Joseph-Marie Vien (1716-1809) et le juriste et homme politique, Jean-Jacques Régis Cambacérès (1753-1824), l'un des auteurs du Code civil. Il a la forme d'un diplôme de parchemin préimprimé, avec des compléments manuscrits, et scellé.
Ce diplôme est signé de la main de Napoléon, empereur des Français, et de l'archichancelier de l'Empire Cambacérès. Il est scellé du grand sceau impérial de cire rouge, portant à l'avers l'empereur sur son trône, vêtu à l'antique, tenant le sceptre à dextre et la main de justice à senestre, et au revers un écu rond, chargé de l'aigle impérial empiétant sur des foudres, entouré du collier de la légion d'honneur.
Les armoiries décrites dans l'acte sont dessinées et peintes dans la marge de gauche après le titre. Le décret du 1er mars 1808 les codifie et instaure ainsi une noblesse d'Empire, élite du nouveau régime. En tant que sénateur, Joseph-Marie Vien peut prétendre à porter le titre de comte. Ces nouvelles armes modifient et complètent les armoiries qui lui avaient été octroyées en 1782. Vien retrouve ainsi après la Révolution la reconnaissance officielle et le rang social qu’il avait sous l'Ancien Régime.
Archives de Montpellier, détail du diplôme de Joseph Marie Vien, armoiries, 1808.
Archives de Montpellier, détail du diplôme de Joseph Marie Vien, sceau avers de Napoléon Ier, 1808.
Lucrèce Borgia de Piccinni, 1833 (1 S 907)
Archives de Montpellier, 1 S 907, partition de Lucrèce Borgia de Piccinni, 1833.
Le fonds de l'Opéra de Montpellier comprend à la fois des livrets et des partitions musicales datant de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle.
Lucrèce Borgia, musique de scène composée par Louis-Alexandre Piccinni (1779-1850) pour la création du drame de Victor Hugo donné en 1833 au théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris, est le seul exemplaire connu et conservé de cette partition.
Archives de Montpellier, 1 S 907, partition de Lucrèce Borgia de Piccinni, 1833.
Lettres patentes de Charles X confirmant les armoiries de Montpellier, 1826
Archives de Montpellier, sans cote, diplôme de Charles X, 1826.
Ces lettres patentes données à Saint Cloud le 29 mai 1826 sont rédigées sur parchemin, avec le grand sceau royal de Charles X (1824-1830), à la manière de l’Ancien régime. Elles autorisent la ville de Montpellier à reprendre ses armoiries.
Le sceau de cire verte représente le roi Charles X en costume de sacre, couronné, tenant de la main gauche la main de justice et de la main droite le sceptre, l'épée de Charlemagne sur le côté.
Au revers, on voit les armes de France et de Navarre, titulature reprise par Charles X, à l'intérieur du collier de l'ordre du Saint Esprit, surmontées d'une couronne, avec le sceptre et la main de justice croisés.
Depuis son institution en 1204, la commune de Montpellier est placée sous la protection de la Vierge. Les consuls de la ville se réunissaient dans l'église Notre-Dame-des-Tables et avaient choisi la Vierge comme emblème sur leur sceau puis sur leurs armoiries. Ainsi la couleur bleue, couleur de la Vierge, est devenue également la couleur de Montpellier. Le blason de Montpellier, représentant la Vierge assise sur un trône gothique et tenant l'enfant Jésus, surmontant l’écu des Guilhem, a été fixé au XVe siècle sur le grand sceau du consulat. Les armoiries sont peintes dans la marge à gauche.
Archives de Montpellier, sans cote, détail du diplôme de Charles X, armoiries de Montpellier, 1826.
Archives de Montpellier, sans cote, détail grand sceau de Charles X, avers, 1826.
Photographies d'Henri Bouschet de Bernard, 1852-1855 (11 Fi)
Archives de Montpellier, 11 Fi 2, l'arc de triomphe du Peyrou, 1852.
Le nom d'Henri Bouschet de Bernard (Montpellier 1815-1881) est lié à l'histoire de la viticulture. Il est le créateur, avec son père Louis-Marie Bouschet (1784-1876), de plusieurs cépages teinturiers comme l'alicante-Bouschet. Une place et une rue portent son nom à Montpellier (quartier Gambetta). Parmi les facettes du personnage, celle de pionnier de la photographie est peu connue.
Les Archives de Montpellier conservent 47 négatifs papier ou calotypes, pour certains signés H.B, datés de 1852 à 1855 (série 11 Fi). Ces documents sont très rares. Le fonds Bouschet comporte notamment 20 vues des principaux monuments de de la ville : la Place royale du Peyrou, prise sous différents angles, la fontaine des trois grâces, la cathédrale Saint-Pierre, vues prise lors des travaux de restauration des clochers, le quartier de la gare naissant, la fontaine de l'Intendance (place Chabaneau), l'école de commerce Cantagrel (immeuble rue Baumes). Elles comptent parmi les plus anciennes photographies connues de Montpellier.
Archives de Montpellier, 11 Fi 41, vue de la cathédrale Saint-Pierre en restauration, c. 1852.
En 2023, les Archives de Montpellier ont pu acquérir en vente publique 21 nouvelles photographies d'Henri Bouschet. Certaines sont des tirages d'après les négatifs papier conservés aux Archives de Montpellier et au musée Niepce de Chalon-sur-Saône. D'autres vues de Montpellier sont inédites, comme la gare vers 1850 ou le boulevard Henri IV en cour d'aménagement. Il est exceptionnel de pouvoir présenter à la fois le négatif et la photographie pour des clichés de cette époque.
Archives de Montpellier, 11 Fi 50 et 11 Fi 90, la fontaine des Trois-Grâces, c. 1850.
Collection Gilles, Journal du Théâtre, 1790-1908 (9 S)
Archives de Montpellier, 9 S 1, Journal du Théâtre, vol. 1.
Le Journal du Théâtre d'Adolphe Gilles est une source exceptionnelle pour l'histoire culturelle montpelliéraine dans un large XIXe siècle. Il se présente comme une chronique de la vie du théâtre de Montpellier depuis 1790, année de création de l'institution municipale, jusqu'en 1908.
Ces documents, uniques par leur forme, permettent d'avoir une vue d'ensemble sur presque 120 ans de création musicale à Montpellier. En 1849, Adolphe Achille Gilles, alors âgé de 15 ans, entre comme second violon au théâtre municipal. Il y reste jusqu'à la fin de sa vie en 1908. Passionné par sa profession, il tient alors un journal où il consigne tous les spectacles et représentations. Cette chronique s'interrompt quelques jours avant sa mort.
Archives de Montpellier, 9 S 1, Journal du Théâtre, 1855.
La collection se compose de 9 registres et de 10 cahiers qui retracent la vie quotidienne du théâtre. Ces documents regroupent des informations variées sur la vie du théâtre : sa programmation et les événements qui y sont liés, la composition des troupes et les différents directeurs qui ont dirigé l'établissement.
Archives de Montpellier, 9 S 5, Journal du Théâtre, 1890.
L’histoire du théâtre se répartit de manière très inégale sur les volumes : les premiers registres sont consacrés à 90 années, puis 10, 6, 3 et 2 ans, tandis que les derniers cahiers couvrent entre 1902 à 1908 une seule saison chacun. Un dernier volume récapitule les listes des directeurs, chanteurs, musiciens et des créations lyriques depuis 1790. Les informations sont classées par direction ou « entreprise » théâtrale, les directeurs changeant généralement à chaque saison. On trouve le tableau de la troupe constituée pour l’année, les titres des pièces jouées, la distribution des rôles, ainsi que des événements liés à l’histoire du théâtre ou qui se sont déroulés pendant les représentations.
Archives de Montpellier, 9 S 7, Journal du Théâtre, 1895.
Tous les volumes sont décorés à la gouache. Chaque page est ornée d'un liseré rouge et de motifs géométriques qui viennent rythmer les parties et sous-parties du récit de Gilles. Il colle dès que cela est possible les prospectus, affiches, articles de presse et parfois photographies d’artistes pour étayer son discours. Les photographies d’artistes sont rares à Montpellier. Leur présence dans la collection vient enrichir la documentation sur les représentations théâtrale et les costumes employés.On peut qualifier Gilles de très méthodique. Il numérote chaque représentation afin de pouvoir dresser des statistiques (relevé exact des artistes, nombre de fois où le théâtre provisoire a ouvert ses portes, titres des pièces joués avec le nombre de représentations, etc.). Il met en place son propre code couleur pour distinguer les types de représentation : bleu pour les représentations à moitié prix, rouge pour les représentations populaire, le drapeau français pour indiquer les représentations au bénéfice des pauvres.
Archives de Montpellier, 9 S 6, Journal du Théâtre, 1895.
Boule de tirage au sort (1890)
Archives de Montpellier, sans cote, boule de tirage au sort, 1890.
Cet objet que l'on croirait sorti de l'imagination d'un Jules Verne ou d'un Léonard de Vinci est en réalité une sphère de loterie ; non pas une loterie pour gagner de l'argent, mais une loterie pour se faire rembourser en avance de l'argent prêté à la ville. Elle est en fonte, posée sur un socle en bois. Elle contient des rouleaux de papier enfermés dans des petits cylindres de métal. Elle est fermée par un cadenas.
La boule a servi au tirage au sort des remboursements anticipés des obligations d'un emprunt public de 1 142 000 francs qu'avait lancé la ville. L'huissier faisait tourner la boule de loterie. Il l'ouvrait et retirait un rouleau de papier sur lequel était inscrit le numéro de l'obligation à rembourser. Le premier tirage eut lieu le 5 juillet 1905, le dernier le 22 juin 1938.
Dessins d’études du projet d'Antigone par Ricardo Bofill, 1977 (19 Fi)
Archives de Montpellier, 19 Fi 2, "Antigone par elle-même", c. 1979.
Elu maire de Montpellier en 1977, Georges Frêche et son adjoint à l'urbanisme Raymond Dugrand souhaitent développer un projet de restructuration innovant de la ville. La création d'Antigone est l'opportunité de mettre en œuvre cette nouvelle vision urbanistique. Ricardo Bofill et son équipe du Taller de Arquitectura portent la conception et la réalisation du projet.
Archives de Montpellier, 19 Fi 21, " L’aqueduc enveloppé d’un bois dense", c. 1979.
Le projet du quartier Antigone répond à une double volonté, à la fois de poursuivre l'axe historique des Arceaux, colonne vertébrale du centre historique, et de rééquilibrer le tissu urbain de la ville vers l'est. Il créé un continuum jusqu'au Lez et amorce le développement de la ville vers la mer. L'urbanisme d'Antigone puise ses références dans des réalisations romaines et méditerranéennes, avec un nouveau centre greffé sur l'ancien et un quartier pensé comme une représentation de la ville méditerranéenne, organisé autour de places piétonnes.
Archives de Montpellier, 19 Fi 47, "Bâtiment à fonctions intégrées", c. 1979.
Dirosa Magazine n° 3, 1986 (10 BIB 62)
Archives de Montpellier, 10 BIB 62, Hervé DI ROSA. Dirosa Magazine n° 3. Paris : Atelier Bordas, 1986, 28 p.
Réalisé à l’occasion d’une exposition à l’Artothèque de Montpellier, ce n° 3 du Dirosa Magazine est une pépite flashy et funky de la bibliothèque des Archives de Montpellier.
Publiés entre 1985 et 1986, en collaboration avec Jean Seisser, les 3 premiers numéros de Dirosa Magazine (6 publiés à ce jour) sont emblématiques des débuts de l'œuvre de l’artiste sétois Hervé Di Rosa (1959). Issu du mouvement de « la figuration libre » avec son compatriote Robert Combas, Hervé Di Rosa puise son inspiration dans l’univers pop des Comics, la bande dessinée américaine, qu’il détourne et réinterprète de manière jubilatoire et décalée. Ces premières publications vont lui servir à élaborer son langage pictural qu’on retrouve dans sa peinture encore aujourd’hui. Tiré en lithographie, à 600 exemplaires numérotés, le Dirosa Magazine n° 3 est véritable livre d’artiste, accompagné d’une planche mobile « La voiture de Raphaël », pliage de son frère Richard Di Rosa.
Archives de Montpellier, 10 BIB 62, Hervé DI ROSA. Dirosa Magazine n° 3. Paris : Atelier Bordas, 1986, 28 p.